CRYPTOMANIA
Au commencement était le signe, pourrait-on dire en découvrant cette nouvelle facette du travail de Florence Bandrier. Des segments de lettres, des traces de l’écrit, des fantômes d’une syntaxe mystérieuse et accessible à la fois. Comme un chemin symbolique que l’on aurait déjà foulé, qui serait familier. Place à la forme, à la linéarité de ces représentations à décrypter ou pas. « Je libère ma main de toutes contraintes, c’est un aller-retour entre conscience et inconscience. Les formes surgissent, je me laisse surprendre par leurs apparitions, que j’ordonne spontanément en une écriture. Une seule façon de l “’écrire“, mille possibilités de la lire. » Ces petites figures emplissent en effet la toile de tout le sens que l’on veut bien leur prêter. Un idiome pictural d’un genre nouveau, comme de petites cordes qui mettraient le liant entre les éléments du tableau. Elles se dilatent en nuées organisées ou se rétractent pour s’effacer face à la couleur, les aplats de peinture qui viennent ponctuer ce rendez-vous de la forme et du fond. On pense à Miro, à cette volonté de réduire l’expression picturale à sa forme la plus symbolique. On profite simplement de la facétie de cette cryptomanie qui joue de ses signes à la simplicité trompeuse pour nous attirer vers un univers à la richesse complexe.
Sylvie Bonnet